La transformation digitale selon Emilie Urbany : comment les PME et ETI françaises passent à côté ?

La transformation digitale comment les PME et ETI françaises passent à côté

La révolution numérique transforme le comportement des consommateurs, bouscule les business models : elle redéfinit les règles du jeu et impose un nouveau cadre au sein duquel les entreprises doivent trouver place.

La transformation digitale est à la fois un impératif et une opportunité offerte aux entreprises de développer de nouveaux modèles de création de valeur. Pourtant, les PME et ETI françaises peinent à prendre le virage de la révolution numérique, comme le constate une étude récente de Bpifrance.

Se définissant elle-même comme une « Bridge Builder », Emilie Urbany évangélise sur ces sujets depuis plusieurs années. Pour cette dernière, aucune entreprise ne peut passer à côté de la transformation digitale. Loin de se cantonner au champ technologique, les projets de transformation digitale impliquent de profonds changements dans l’organisation, la culture et l’état d’esprit des entreprises.

Pour 87% des dirigeants de PME et d’ETI françaises, la transformation digitale n’est pas une priorité

La révolution numérique est un tsunami qui n’a pas fini de produire tous ses effets. Elle impacte tous les secteurs de l’activité économique, induit de nouveaux comportements de la part des consommateurs et de nouvelles habitudes. Charge aux entreprises d’adapter leurs business models. C’est une question de survie.

Pourtant, la majorité des dirigeants de PME et d’ETI françaises continuent de minimiser l’importance de cette « révolution industrielle 4.0 ». C’est ce dont témoigne une étude réalisée en 2017 par Bpifrance et menée auprès de 1814 dirigeants d’entreprises. Les constats sont sans appel :

  • 20% des dirigeants estiment que le temps de la transformation digitale n’est pas encore venu pour leur entreprise.
  • 87% d’entre eux n’en font pas une priorité stratégique.
  • 47% des dirigeants jugent que l’impact du digital sur leur activité ne sera pas majeur d’ici à 5 ans.

Il y a encore du travail… Selon la Bpifrance, seuls 10% des dirigeants interrogés ont répondu être pleinement engagés dans la transformation digitale. 38% des dirigeants sont « sceptiques » vis-à-vis de la révolution numérique. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le critère de l’âge du dirigeant n’a aucune incidence sur le niveau de maturité digitale. Les jeunes dirigeants ne sont pas plus avancés que leurs aînés. C’est un autre enseignement intéressant de l’étude. Il ne doit pas étonner, dans la mesure où la transformation digitale ne se réduit pas à une mise à niveau technologique.

La transformation digitale appelle une transformation globale de l’entreprise – une transformation de son organisation, de ses business models, de la place accordée au client dans la chaîne de valeur, du rôle des partenaires. Elle implique un changement de mode de pensée et de mode de fonctionnement. La technologie, finalement, n’est qu’un outil, un moyen servant à répondre à des enjeux business bien identifiés : améliorer l’expérience client, optimiser l’efficacité opérationnelle, sécuriser les process…

C’est pour ces raisons que les projets de transformation digitale doivent être portés par la direction générale. L’implication du dirigeant est l’un des principaux facteurs de réussite, comme aime à le rappeler Emilie Urbany. C’est à ce dernier que revient la mission de porter la vision, de fixer un cap stratégique (à 3-5 ans) mais aussi d’embarquer les collaborateurs dans la démarche. Tous les collaborateurs de l’entreprise doivent être des acteurs de la transformation. Cette approche collaborative est le meilleur moyen de favoriser l’adhésion des salariés et d’endiguer la résistance au changement. Sur ce point également, des progrès restent à accomplir. Selon l’étude de la Bpifrance, seulement un quart des dirigeants de PME et d’ETI associe les managers et les collaborateurs opérationnels dans les projets de transformation. Et ils ne sont que 12% à avoir mis en place des formations dédiées au digital.

« Les entreprises doivent prendre le train en marche et s’adapter à la révolution numérique »

Les choses doivent changer. Les dirigeants d’entreprise sceptiques, qui n’ont pas encore pris la mesure de la révolution industrielle en cours, doivent saisir les enjeux de ce qui se passe sous leurs yeux. 38% des dirigeants de PME et d’ETI ne croient pas à la révolution digitale. Comme l’explique Emilie Urbany, responsable de l’innovation et de l’accélération numérique au sein du groupe Solvay, la révolution digitale n’est pas objet de croyance, c’est une réalité expérimentée par tout le monde, une évidence.

Selon elle, cette révolution digitale a plusieurs caractéristiques. Elle se manifeste par :

  • Une accélération du temps, par un passage du temps différé au temps réel. Nous sommes entrés dans l’ère de l’immédiateté. Tout un chacun a accès à n’importe quelle information en quelques clics.
  • Une inflation de l’information, liée à la multiplication des canaux de diffusion. Comme l’explique Émilie Urbany,« l’humanité produit autant d’informations en deux jours qu’elle ne l’a fait en deux millions d’années ».
  • Une évolution du comportement et du rôle des consommateurs. Aujourd’hui, tout le monde peut créer et diffuser de l’information via les outils digitaux. Le consommateur a muté : il est devenu consom’acteur.

Lanceuse d’alerte à sa manière, Emilie Urbany ne va pas par quatre chemins. Selon elle, « l’avenir appartiendra à ceux qui sauront maîtriser cette profusion d’information », via les technologies du Big Data par exemple.

Emilie Urbany, une actrice impliquée dans la transformation digitale des entreprises

Emilie UrbanyDiplômée de l’ISC Paris et de HEC Paris, Emilie Urbany accompagne depuis plusieurs années les entreprises dans leur transformation digitale. Passée par le cabinet EY, elle a travaillé 8 ans au sein de VISION IT Group (Onepoint), une société de conseil en transformation et solutions digitales, avant de rejoindre le groupe Solvay en 2016, une entreprise internationale spécialisée dans la chimie. Consultante experte, son rôle consiste à identifier les besoins métiers et à « inoculer le virus du numérique au sein de l’entreprise »

En tant qu’experte en digital et en innovation, Emilie Urbany a pour mission : d’aider tous les collaborateurs du groupe Solvay à adapter leur business model à la révolution digitale ; de mettre en place de nouvelles méthodes de travail ; de faire évoluer les process et l’organisation de l’entreprise. Pour Emilie Urbany, il est important de valoriser le rôle des salariés pour que chacun participe à ces transformations.  Avec les équipes de solutions innovantes du groupe Solvay, elle participe aussi à l’intégration des technologies de pointe comme la blockchain, l’intelligence artificielle ou les drones.

Emilie Urbany en est convaincue : la transformation digitale doit être envisagée comme une solution, et non comme une contrainte de plus. Les PME et ETI françaises en prendront-elles conscience à temps ? C’est toute la question.

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