André-Jacques Auberton-Hervé, pour l’avenir économique de l’Europe

André Jacques Auberton Hervé

La prospérité industrielle de l’Europe est au cœur des problématiques économiques, politiques et financières actuelles. Dans un contexte de repli et d’isolationnisme de plus en plus marqué – comme l’a montré le 23 juin 2016 le référendum sur le Brexit -, il est aujourd’hui capital d’apporter une vision nouvelle et d’insuffler un vent d’optimisme dans les mentalités des citoyens européens.
Fondateur de Soitec, l’un des leaders mondiaux de la fabrication de semi-conducteurs, André-Jacques Auberton-Hervé (site officiel : http://www.andre-jacques-auberton-herve.com/) partage dans De l’audace une vision pleine d’espoir quant à l’avenir économique du Vieux-Continent.

« Forte d’un marché de 500 000 millions de consommateurs et soutenue par l’audace d’entrepreneurs talentueux, l’Europe possède toutes les qualités nécessaires pour rivaliser avec les deux géants industriels que sont les États-Unis et la Chine » explique André-Jacques Auberton-Hervé. En prenant compte de ses expériences reposant sur le principe d’innovation par la rupture, l’auteur met en exergue les solutions de développement économique nécessaires à l’expansion des activités industrielles européennes.

La révolution 4.0 selon André-Jacques Auberton-Hervé ?

Les grands progrès humains et sociétaux ont toujours été précédés d’innovations techniques et technologiques majeures : au XIXe siècle, l’utilisation extensive et optimisée du charbon ; au début XIXe siècle, la découverte des potentialités de l’électricité, de la mécanique, du pétrole et de la chimie ; à partir des années 1950, la révolution de l’électronique, de l’informatique et des télécommunications.

Une 4e révolution industrielle est en train de prendre forme sous nos yeux. Caractérisée par la numérisation des échanges économiques, l’utilisation d’outils de conception informatique et la création d’usines intelligentes, elle laisse une place prépondérante à la personnalisation du produit ainsi que la satisfaction des clients.

Exploitation des données du Big Data, senseurs intelligents, imprimantes 3D, référencement numérique : la révolution 4.0 est un mélange des techniques hardware et numériques les plus innovantes. Pour profiter au mieux des potentialités de développement qu’elle offre, il s’agira pour les entrepreneurs européens d’agir rapidement. Pour André-Jacques Auberton-Hervé, il ne reste plus que quelques années « pour vraiment compter dans la nouvelle ère industrielle, l’ère 4.0 ». Entrepreneurs européens, donnez-vous maintenant les moyens d’être grand demain !

L’Europe peut devenir un modèle économique gagnant

La révolution 4.0 est une opportunité majeure pour l’Europe d’assurer sa prospérité économique. Trois conditions devront être remplies pour s’engager efficacement dans cette nouvelle ère industrielle.

L’économie actuelle repose sur un marché gigantesque de consommateurs mondiaux. Pour rester compétitif face aux États-Unis et à la Chine, il est donc primordial de créer des entreprises ambitieuses, n’agissant plus sur un marché local, mais sur des échelles plus importantes. Avec 500 000 000 de consommateurs, le marché européen est tout à fait capable de procurer aux entrepreneurs les débouchés nécessaires à leur réussite.

L’innovation constitue la pierre angulaire de la révolution 4.0. Il s’agira donc pour les entreprises européennes d’être force de proposition et de porter des projets autonomes. « Suivre simplement les tendances mondiales ne suffit plus. Il faut avant tout innover et prendre des risques, rapidement » explique André-Jacques Auberton-Hervé (découvrez son parcours ici : http://fr.viadeo.com/fr/profile/andre-jacques.auberton-herve).

Les projets entrepreneuriaux devront enfin être soutenus par un management performant, reposant sur la culture de leadership et l’esprit d’équipe. Pour qu’ils rencontrent le succès, une réforme de l’environnement financier à l’échelle européenne est capitale.

A propos d’André-Jacques Auberton-Hervé

André-Jacques Auberton-Hervé est diplômé de l’Ecole centrale de Lyon et Docteur en physique des semiconducteurs. A 24 ans, il commence sa carrière professionnelle au LETI (Laboratoire du Commissariat à l’Energie atomique). Il exerce en qualité de responsable du programme SOI et des procédés de fabrication CMOS. Il s’agit d’une technologie qui crée des composants électroniques.

La fondation de Soitec

En 1992, il co-fonde Soitec avec Jean-Michel Lamure. Société spécialisée dans la production de silicium sur isolant, elle devient rapidement un acteur incontournable de l’industrie des semiconducteurs. Soitec est aujourd’hui leader mondial de son marché. L’entreprise compte plus de 1800 employés répartis dans 5 usines en France, aux Etats-Unis et à Singapour.

Un homme engagé dans le développement des entreprises

André-Jacques Auberton-Hervé est un homme engagé dans le développement des entreprises. Depuis 2010, il est membre de la Commission européenne dédiée à la définition des technologies-clés. C’est un programme qui offre des subventions européennes afin d’aider les entreprises à développer leurs technologies. Elle les aide ainsi à devenir plus compétitives sur le marché industriel. André-Jacques Auberton-Hervé préside l’association SEMI Europe. Cette association soutient les entreprises du marché des nano et micro-technologies. Il est également membre du comité d’exécution de SEMI international et a été président de l’Agence pour le Développement et l’Innovation de la région Auvergne-Rhône-Alpes pendant 2 ans.

La naissance de 4A Consulting & Engineering

En 2015, André-Jacques Auberton-Hervé crée son cabinet de consulting : 4A Consulting & Engineering. Son expertise ? Le management de l’innovation et la gestion de projets complexes sur le marché de l’énergie renouvelable. Le cabinet accompagne ses clients dans diverses phases pour concrétiser leurs projets dans le domaine des énergies renouvelables.

Une expertise reconnue et récompensée

L’expertise d’André-Jacques Auberton-Hervé sera reconnue et récompensée à plusieurs reprises. En 2006, il reçoit le Prix de l’Audace Créatrice des mains du président de la République, Jacques Chirac. En 2014, André-Jacques Auberton-Hervé se voit attribuer la légion d’honneur et de l’ordre du mérite. Il obtient également le prix de l’INSEAD et le SEMI Award qui récompensent ses qualités d’entrepreneur.

Une analyse percutante dans l’essai De l’audace !

En 2016, il publie De l’audace ! aux éditions « Débats publics ». Dans cet essai, il partage ses idées sur le modèle de croissance européen à l’heure de l’industrie 4.0. Selon lui, le marché industriel européen peut se forger un bel avenir grâce aux opportunités de la Révolution industrielle 4.0. Pour profiter de ses opportunités, les entreprises doivent se développer et être présentes sur l’ensemble du marché européen afin de rivaliser avec les géants asiatiques et américains. Le succès des entreprises 4.0 d’Europe est possible à condition de réagir rapidement et de rester en pole position. Avec cet essai, André-Jacques Auberton-Hervé partage son analyse sur l’industrie 4.0, une analyse éclairée par 30 ans d’expérience.


André-Jacques Auberton-Hervé, l’interview

Business & Co : A l’heure du Brexit, de la percée de certaines mouvances extrémistes, vous êtes l’un des rares experts à tenir un discours optimiste et volontariste sur l’avenir économique de l’Europe. Qu’est-ce qui alimente votre optimisme ?

André-Jacques Auberton-Hervé : Oui, vous avez raison, je défends une vision optimiste de l’avenir économique européen. Je crois aux possibilités et aux potentialités de notre continent. Le déclin de l’Europe dont on nous rebat les oreilles n’est pas une fatalité. S’il faut regretter le manque d’intégration politique du continent et le manque de coordination des politiques économiques accentués par la montée des populismes, l’Europe reste un géant économique. Mais si l’Europe veut rester dans la course, elle doit agir et se transformer.

Comme je l’expliquais il y a trois ans dans mon ouvrage De l’audace !, nous sommes au seuil d’une révolution industrielle considérable. Et même plus : nous y sommes déjà ! Cette révolution, que j’ai qualifiée de 4.0, a plusieurs visages : Big Data, imprimantes 3D, intelligence artificielle, numérisation des échanges économiques, biotechnologies…Dans tous ces secteurs, le point commun est l’innovation et en particulier l’innovation de rupture. L’innovation de rupture est au cœur de la révolution 4.0. Elle se définit par une innovation qui apporte une amélioration au plus grand nombre.

L’Europe doit développer ses capacités d’innovation de rupture si elle veut garder la place qui est la sienne dans l’économie mondiale. Et elle le peut, elle a toutes les cartes en mains. Mais l’avenir économique et industriel de l’Europe se décide maintenant. Il faut faire vite, il faut agir rapidement.

Business & Co : Justement, quels sont selon vous les principaux atouts de l’Europe ?

André-Jacques Auberton-Hervé : Tout d’abord, ses consommateurs. L’Europe est le plus grand marché mondial, avec plus de 500 millions de consommateurs et 350 millions d’internautes. L’innovation de rupture par sa capacité à toucher le plus grand nombre, a tous les atouts pour se développer en Europe, grâce à ce marché de masse unifié.

Pour se développer et s’imposer face à la concurrence mondiale, les entreprises européennes, ont besoin d’atteindre des tailles critiques que les cadres nationaux sont incapables de proposer. C’est pour cette raison qu’il faut agir au niveau européen. La France ne peut pas rivaliser toute seule face aux Etats-Unis et face à la Chine. L’Europe, si.  En ce sens, un renforcement de l’intégration politique est une condition sine qua non de l’insertion des pays européens dans cette nouvelle réalité économique.

Mais ce gisement de consommateurs à fort pouvoir d’achat n’est pas le seul atout. Nous avons aussi des centres de recherche en matière d’innovation parmi les premiers mondiaux. Je pense en particulier au CEA (Commissariat à l’énergie automatique). Plus globalement, l’Europe est un réservoir inestimable de compétences. Le Vieux-Continent dispose d’une solide tradition de savoir-faire industriel dans des domaines de pointe. Ces atouts sont par conséquent multiples : économiques, humains, industriels.

Business & Co : Vous insistez beaucoup sur la notion de consom’acteur. Pouvez-nous nous en dire un peu plus ?

André-Jacques Auberton-Hervé : Oui, effectivement, c’est un point important. De passif, le consommateur est devenu actif. Par ses choix, son comportement d’achat, le consomm’acteur décide de la réussite ou non d’un produit, d’un service. C’est lui qui fait le succès des entreprises.

Vous me direz que la bonne santé d’une entreprise a toujours reposé sur ses clients, qui constituent le chiffre d’affaires. Mais par le passé le client se trouvait dans une situation captive : il n’avait pas forcément le choix, il n’avait pas toujours le choix. La mondialisation de l’économie et la concurrence ont replacé le client au centre du jeu et en particulier le consommateur. C’est pour cette raison que l’on parle aujourd’hui d’entreprises « customer-centric » ; J’étendrais ce concept au « Consumer-centric ». Les organisations ont compris qu’elles devaient mieux considérer non seulement leurs clients mais le consommateur qui est au bout de la chaine de valeur et être à leur écoute pour développer des produits et services en phase avec les besoins, préférences et usages des consommateurs. Dans tout produit basé sur l’innovation de rupture, la main invisible du consom’acteur est toujours présente.

Face au déclin de de la commande publique, seul le consom’acteur peut prendre le relais. Les grandes industries du passé pouvaient vivre de commandes publiques. La fragilisation des finances publiques des Etats et les besoins capitalistiques croissants des entreprises de l’économie 4.0 rendent cela désormais impossible. Les grandes industries doivent se tourner vers les marchés de masse pour vendre au plus grand nombre et justifier les milliards investis.

Business & Co : Vous parlez d’un retard de l’Europe par rapport aux deux géants que sont les Etats-Unis et la Chine. A quel niveau ?

André-Jacques Auberton-Hervé : Oui, l’Europe a pris du retard, c’est un constat que tout le monde peut faire. Aujourd’hui, c’est simple, tous les grands acteurs industriels de cette révolution 4.0 ou presque sont américains ou asiatiques. Nos smartphones sont américains, chinois, sud-coréens…Les fameux GAFAM, qui représentent plus d’une fois et demi le CAC 40, sont tous américains : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft. Et que dire de Netflix, Uber, Tesla ? Ils ont leur équivalent en Asie les BATX : Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi, sans parler de Samsung ou Huawei,.. Nous n’avons pas encore de champions européens de la révolution 4.0.

C’est regrettable, mais comme vous le rappeliez au début de notre échange, j’ai toutes les raisons d’être optimiste. L’Europe, pourvue qu’elle s’en donne les moyens et qu’elle agisse vite, peut rattraper le train en marche. Les 15 prochaines années vont être structurantes.

Business & Co : Quelles sont les mesures de politique publique qui pourraient être développées à l’échelle européenne ?

André-Jacques Auberton-Hervé : Pour moi le véritable enjeu est de créer un marché de capitaux européen unifié à la hauteur du défi de cette révolution industrielle 4.0. Prenons un exemple précis. Les Etats-Unis ont investi massivement dans les industries de la révolution 4.0, via notamment les capitaux-ventures mais c’est grâce au NASDAQ que le financement des Facebook, Apple et autres Google ou même des entreprises asiatiques comme Alibaba a pu être assuré pour faire émerger des géants mondiaux. Je prône depuis plusieurs années la mise en place d’un marché de capitaux à l’échelle européenne dédié au financement de la nouvelle économie : un NASDAQ européen.

C’est un sujet essentiel à mes yeux. Les industries de l’économie du XXIème siècle sont gourmandes en capitaux. L’argent est le nerf de la guerre. Il ne suffit pas d’avoir des idées pour innover, il faut pouvoir les mettre en œuvre et cela passe par des investissements massifs, un déploiement mondial rapide et donc nécessitent une évolution des systèmes de financement. Nous avons en Europe les compétences, mais nous n’avons pas les outils de financement qui permettraient aux entrepreneurs de développer des projets ambitieux, d’innover, de prendre des risques, de conquérir les marchés internationaux. Les outils classiques de financement par la dette, ceux proposés par les banques, ne sont pas adaptés aux nouveaux enjeux. En Europe, les banques à travers la dette assurent encore près de 70% du financement externe des entreprises, contre à peine plus de 20% aux Etats-Unis. C’est un vrai problème.

Nous avons la matière grise. Comment je le dis souvent, les innovations de rupture sont là, dans nos laboratoires. Elles n’attendent plus qu’à être exploitées par des entrepreneurs audacieux et des industriels ambitieux. Cette question du financement de l’innovation est l’un des chantiers importants auxquels nous devons nous confronter.

Ce n’est pas le seul. Il est urgent également de développer une vision industrielle globale à l’échelle européenne. Les décideurs politiques européens doivent s’entendre et travailler à la création d’un écosystème économique, financier et juridique favorable à l’émergence de nouveaux champions pour que l’accès au marché déjà à l’échelle européenne soit suffisamment fluide. L’Union Européenne doit être force de proposition, impulser les changements et favoriser la convergence des acteurs politiques sur ces sujets déterminants pour l’avenir économique du continent. C’est ce à quoi je travaille à travers l’engagement qui est le mien auprès des instances dirigeantes en Europe.

 

 

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