Cambridge Analytica : ce que vous devez savoir sur le scandale

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En mars 2018, le New York Times, en collaboration avec The Observer de Londres et le Guardian, a obtenu des documents internes de Cambridge Analytica, la firme d’analyse de données appartenant principalement au milliardaire Robert Mercer. Les documents prouvaient que cette entreprise a utilisé des données insidieusement obtenues de Facebook pour profiler des électeurs et influencer leur vote au cours des dernières élections présidentielles américaines remportées par Donald Trump, face à Hilary Clinton. Ces révélations conduisent à une enquête et poussent Facebook dans la plus grande crise qu’elle n’a jamais traversée.

21 avril 2010 : Facebook lance Open Graph

En avril 2010, Facebook annonce le lancement d’une plate-forme appelée Open Graph pour les applications tierces. Cette mise à jour permet à des développeurs tiers d’atteindre les utilisateurs de Facebook et de demander l’autorisation d’accéder à une grande partie de leurs données personnelles et, surtout, d’accéder à celles de leurs amis Facebook.

Si elles sont acceptées, ces applications ont alors accès au nom, au sexe, à l’emplacement, à la date d’anniversaire, au niveau d’éducation, aux préférences politiques, au statut relationnel, aux opinions religieuses et aux chats en ligne de tous ces utilisateurs, voire plus encore. En fait, avec des autorisations supplémentaires, des sites externes (à Facebook) peuvent également accéder aux messages privés des utilisateurs.

Moins de cinq semaines après que Facebook ait lancé l’API Open Graph, Zuckerberg écrit un éditorial pour le Washington Post dans lequel il s’engageait à solutionner les préoccupations des utilisateurs concernant la gestion de leurs informations personnelles.

2013 : création de Thisisyourdigitallife

L’universitaire de Cambridge Aleksandr Kogan et sa société Global Science Research créent une application appelée « thisisyourdigitallife » en 2013. L’application incite les utilisateurs à répondre à des questions pour un profilage psychologique.

Près de 300 000 utilisateurs auraient été payés pour passer le test psychologique et l’application a collecté leurs données personnelles. Elle a également recueilli des données auprès de leurs amis Facebook, ce qui aurait permis à Kogan d’avoir accès aux données de millions de profils Facebook. Les spécialistes avancent le chiffre de 50 millions de profils.

2014 : changement des règles

En 2014, Facebook adapte ses règles pour limiter l’accès des développeurs aux données des utilisateurs. Cette modification a été effectuée pour garantir qu’un tiers ne soit en mesure d’accéder aux données d’un utilisateur sans avoir préalablement obtenu son autorisation. Cependant, les changements de règles ne sont pas imposés rétroactivement et Kogan ne supprime pas les données que l’on croyait avoir été illégalement acquises.

11 décembre 2015 : campagne de Ted Cruz

À la fin de l’année 2015, le Guardian rapporte que Cambridge Analytica intervenait dans la campagne présidentielle de Ted Cruz. Le rapport suggérait que le candidat républicain utilisait des données psychologiques couvrant des dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook dans une tentative d’obtenir un avantage sur ses rivaux politiques, y compris Donald Trump.

En réponse à cette révélation, Facebook déclara que lorsqu’il a appris les fuites de données, il a cherché à interdire l’application de Kogan et a légalement fait pression sur Kogan et Cambridge Analytica pour supprimer toutes les données qu’ils avaient incorrectement acquises. Le géant des médias sociaux affirme que Kogan et la société de conseil en élections, basée à Londres ont certifié que les données avaient été effacées.

2016 : campagne de Donald Trump

Avant l’élection présidentielle américaine, l’équipe de campagne de Trump a commencé à investir massivement dans des publicités politiques sur Facebook. La stratégie a impliqué l’aide de Cambridge Analytica, et lors d’une infiltration secrète, le directeur général de la compagnie, Mark Turnbull, a déclaré à Channel 4 News que la firme était responsable de la campagne vidéo « Defeat Crooked Hilary » sur Facebook.

17 mars 2018 : révélation du scandale

Dans un article explosif publié à la mi-mars, le Guardian et le New York Times ont d’abord rapporté que 50 millions de profils Facebook avaient été piratés par Cambridge Analytica dans un important vol de données. Ce nombre a été révisé par la suite jusqu’à 87 millions de profils Facebook.

Les articles cherchaient à montrer comment les données de millions d’utilisateurs de Facebook avaient fini par atterrir entre les mains de Cambridge Analytica et comment l’entreprise les a utilisées pour influencer le vote des électeurs.

Christopher Wylie, cofondateur du cabinet d’analyse de données politiques, est celui qui a révélé le scandale aux deux journaux. Wylie a affirmé que les données vendues à Cambridge Analytica avaient ensuite été utilisées pour développer des profils «psychographiques» de personnes en vue de leur fournir du matériel pro-Trump une fois qu’elles étaient en ligne. L’entreprise est également soupçonnée d’avoir influencé le référendum sur le Brexit de la même façon. Cambridge Analytica avait immédiatement démenti toutes les allégations.

La Federal Trade Commission (FTC) ouvre une enquête pour savoir si Facebook avait violé le règlement au sujet de la protection de la vie privée des utilisateurs.

25 mars 2018 : le mea culpa de Facebook

Après avoir minimisé l’affaire à ses débuts, Facebook reconnait enfin sa part de responsabilité. Son fondateur présente ses excuses publiques à travers la presse américaine et britannique. Zuckerberg comparaît aussi devant une audience conjointe des comités du Sénat américain. Il se présentera ensuite devant le parlement européen et enverra le directeur de la technologie de Facebook, Mike Schroepfer devant le parlement britannique.

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