Les chiffres du taux de chômage sont-ils « faussés » ?

chiffres du chômage faussés

Pour la première fois depuis les quatre dernières années, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a rapporté que le taux de chômage en France a glissé sous la barre des 10 %, en s’établissant à 9,9 % en deuxième trimestre de 2016. Cette baisse de 0,3 point représente 74 000 chercheurs d’emploi en moins. Toutefois, elle ne s’explique pas uniquement par une reprise d’activités, car cette baisse du taux de chômage en France implique en fait d’autres facteurs.

Les politiques de formation surviennent au moment opportun
Le 18 janvier 2016, François Hollande présentait un plan d’urgence pour l’emploi , qui incluait notamment 500 000 formations professionnelles, afin d’outiller les chômeurs avec de nouvelles compétences qui les aideront à réintégrer le marché de l’emploi. Quelques observateurs économiques, rapporte Création Entreprise, avaient alors entrevu dans cette initiative une manœuvre pour diminuer artificiellement le nombre de chômeurs. Les chiffres inscrits dans les catégories consultées pour le décryptage du taux de chômage lors des bilans mensuels, auraient tout intérêt à baisser… alors que l’élection présidentielle de 2017 se profile à l’horizon.

Le nombre de chômeurs en formation affecte les chiffres
Le recul tant anticipé du taux de chômage survenu au deuxième trimestre de 2016 s’expliquerait par plusieurs facteurs, dont le transfert d’un nombre considérable de chômeurs inscrits aux catégories A, B et C du Pôle Emploi, vers la catégorie D. Cette dernière concerne les personnes inscrites en formation professionnelle. Les instances s’appliqueraient à mettre les bouchées doubles depuis avril dernier, afin de mettre en œuvre cet angle du plan d’urgence pour l’emploi. Des incidences de ces actions se seraient répercutées sur les chiffres du taux de chômage.

De toutes les catégories de chercheurs d’emploi, les jeunes écopent davantage
Au mois de juin 2016, dans la catégorie A, les jeunes âgés de moins de 25 ans s’avèrent les plus affectés par la hausse du chômage. Le nombre total de jeunes chômeurs a grimpé de 0,8 % sur un mois, correspondant à 4 000 personnes de plus sans emploi. Les jeunes représentent 5,7 % d’augmentation sur une année. Le second groupe d’âge le plus affecté consiste en les travailleurs de 50 ans et plus, qui affichent une progression de 0,2 % sur un mois, soit 1 400 personnes de plus.

Des mesures ciblant les chômeurs « de longue durée »
L’Insee désigne sous l’appellation de « demandeurs d’emploi de longue durée (DELD) » les personnes inscrites dans les catégories A, B et C du Pôle Emploi depuis plus d’un an. Les chiffres concernant les DELD ont explosé depuis quelques années, effectuant un bond prodigieux de 148 % depuis juin 2008. Les DELD représentaient 2 429 200 personnes en juin 2016. Les mesures annoncées dès février 2015 par le ministre du travail ciblent les DELD en particulier. Avec la mise en place d’un droit à une « formation qualifiante gratuite », en plus de deux contrats de professionnalisation intitulés « nouvelle carrière » (pour les travailleurs expérimentés dotés d’une longue expérience professionnelle) et « nouvelle chance » (pour les chômeurs éloignés de l’emploi), l’effort intensifié d’amélioration des compétences professionnelles par le biais de mesures de formation bénéficiera à de nombreuses personnes.

Le recul de 0,3 point du taux de chômage s’avère un résultat encourageant pour l’économie française. Avec la masse critique d’une main-d’œuvre pouvant atteindre jusqu’à quelque 500 000 travailleurs armés d’une formation fraîchement acquise et de nouvelles qualifications mieux adaptées aux besoins des clients « modernes » des entreprises françaises et étrangères, il y a lieu d’espérer des retombées positives sur la croissance économique de l’Hexagone. La barre est haute, toutefois, avant de rejoindre la performance de pays tels que l’Allemagne (4,3 % en janvier 2016 ) et le Royaume-Uni (5,1 % à la fin de 2015), qui affichent des taux de chômage moitié moins élevés.

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